Fronde sociale au Burkina : « Je pense que le président du Faso doit frapper fort »

Depuis un certain temps, le Burkina Faso enregistre le plus grand nombre de grèves de son histoire. Du ministère de la Santé à celui de l’Économie, en passant par l’Agriculture et l’Éducation, les mouvements d’humeur se font de plus en plus ressentir. Une situation qui, d’une manière à une autre, a des répercussions sur la population. Une équipe des Éditions LeFaso.net a tendu son micro à quelques riverains pour recueillir leurs avis sur la situation.

Fronde sociale au Burkina : « Je pense que le président du Faso doit frapper fort »Apollinaire Kaboré, enseignant à la retraite

Ce gouvernement que nous avons actuellement ne tient pas parole. Depuis longtemps, les grèves ne font que se succéder. À chaque fois, on nous dit qu’il y a de signatures d’accord mais après, les syndicats ressortent pour dire qu’ils ne sont pas satisfaits. Par exemple, la récente grève des agents des Finances là, j’ai suivi à la télévision que sur les points de revendications, aucun point n’a été respecté. Comment voulez-vous qu’il y ait entente ?

Il faut satisfaire au moins deux ou trois points et trouver un terrain d’entente pour le bonheur du peuple. Ce n’est pas le cas. Surtout la grève des agents de l’Économie et des Finances, c’est grave pour le pays. Les commerçants se plaignent que leurs marchandises sont stockées à la douane, donc imaginez que ce qu’ils vendent actuellement finit un jour, on ne pourra plus acheter quelque chose. Je crois que ce gouvernement n’est pas honnête. Il promet mais il ne l’accomplit pas.

Ousmane Baguian, commerçant

Le fait de grever est un droit pour les travailleurs mais s’ils peuvent modérer, je pense que c’est mieux pour qu’on puisse aller de l’avant. Sinon, on ne dit pas qu’il ne faut pas grever mais il faut qu’ils essaient de trouver une solution avec le gouvernement. Ce que je peux proposer, c’est que les grévistes d’aujourd’hui et leurs ministres de tutelle puissent s’asseoir ensemble et trouver une solution.

Kadiata Boureima, étudiante en 4e année de Droit

Kadiata Boureima

D’abord, je dirai que lorsqu’il y a plusieurs grèves, c’est que quelque part, quelque chose ne va pas. Peut-être que le gouvernement n’arrive pas à satisfaire tous les besoins des syndicats, donc cela fait que chacun de son côté essaie de grever pour une amélioration de ses conditions. Il revient au gouvernement de savoir gérer cela, bien vrai qu’on ne peut pas satisfaire tout le monde à la fois. Il faut qu’il commence par les côtés sensibles.

Kamou Malou

Je trouve que cette fronde sociale montre au vu de tout le monde qu’il y a un malaise social et ça, on ne peut pas le cacher. Il faut dire aussi que cela prend ses racines dans la gouvernance passée. Aujourd’hui, je ne pense pas que tout peut être rose par un coup de bâton magique. Je pense que ce soit les syndicats, ils ont raison parce que c’est dans la lutte qu’on acquiert des avantages.

On dit que la plus belle femme au monde ne peut donner que ce qu’elle a, donc je pense que tout ce qu’on peut dire en tant que citoyens, c’est de demander aux syndicats de mettre de l’eau dans leur vin parce que demain, l’histoire va les rattraper. Si jamais le Burkina tombe dans une situation ingouvernable, l’histoire retiendra que les syndicats ont fait chavirer le pays-là. Nous tenons tous à la paix sociale et que les négociations continuent parce que nous, les citoyens lambda, nous recherchons un environnement de paix afin de vaquer à nos occupations et gagner notre pain quotidien.

Il y a beaucoup de Burkinabè qui ne mangent pas grâce au gouvernement mais ils contribuent à payer ces fonctionnaires-là. Il y a la grève partout dans le monde mais nous déplorons chez nous quand même que ce ne soit de luttes déguisées ou politiques parce que nous retenons que les syndicats ont été utilisés à plusieurs reprises dans ce pays au service du politique. Nous sommes tous parents d’enfants donc chacun doit faire en sorte que nous puissions léguer à la jeunesse future, un pays en entier et non morcelé.

Marthe Kambiré, étudiante en 2e année de Droit

Marthe Kambiré

Je trouve que grever, c’est normal, mais il ne faut pas abuser de son pouvoir de grève parce qu’on constate une paralysie au niveau des administrations. On dit qu’il n’y a pas assez d’argent dans les caisses de l’État. Mais si on ne travaille pas, comment on veut à ce que l’argent entre dans les caisses de l’État pour qu’on les paie. On ne peut pas passer tout notre temps à grever.

Mahamadi Yameogo, courtier

Mahamadi Yameogo

Pour moi, il y a beaucoup de fuites de responsabilités parce que le monde intellectuel doit prendre au sérieux l’avenir de ce pays. Si on doit faire un recul, il y a beaucoup de choses qui se sont passées dans ce pays, donc je pense qu’il est temps que nous changions nos façons de faire et il faut comprendre que le Burkina, c’est aussi l’avenir. Et cette responsabilité repose à tous les niveaux. Il faut s’asseoir, discuter, se comprendre et faire les choses de manière équitable. Je me dis que le pourcentage des fonctionnaires n’a rien à voir avec celui de ceux qui travaillent nuit et jour pour faire quelque chose dans le domaine du contribuable afin ce pays puisse fonctionner.

Ce que je veux dire à ceux qui ont eu la chance d’aller loin dans leurs études, c’est qu’il faut qu’ils aient vraiment l’amour de ce pays et se donnent entièrement à ce que nous puissions vivre dans un Burkina où il fait bon vivre. Aujourd’hui, si nous sommes bloqués dans des querelles, c’est parce que certains veulent qu’on prenne soin d’eux seuls et laisser les autres mourir de faim. Un tel comportement n’est pas Burkinabè.

Halidou Kaboré, commerçant

Avec les grèves-là, franchement, cela ne nous arrange pas. À chaque fois, les gens grèvent par-ci, par-là, donc je trouve que ce n’est pas bon. Ce qu’ils veulent au juste même on ne sait pas, donc il revient au président du Faso de les voir et résoudre leurs problèmes. Tout ce qu’on veut, c’est la paix au Burkina Faso.

Moussa Ilboudo, vendeur d’habits

Parlant des grèves, je ne comprends pas ce que ces gens veulent au gouvernement. Toutefois, selon moi, ils peuvent s’entendre autrement au lieu de passer leur temps à grever car cela ne nous arrange pas. Je vois que les policiers, les douaniers, les fonctionnaires et même les médecins grèvent. Je ne trouve pas l’importance dans ça. Par exemple, le cas des médecins, ils peuvent résoudre leurs problèmes parce que si un médecin part en grève, même si c’est 10 minutes, on peut avoir beaucoup de morts à l’hôpital.

Alissiata Kaboré, commerçante

Actuellement, il y a plusieurs grèves donc nous les commerçants, nous ne savons plus quoi dire parce que le marché est au ralenti et ça met le pays en arrière. Je ne sais pas si c’est à cause de ce président mais avant, il n’y avait pas assez de grèves comme cela. Nous souhaitons que les grèves-là finissent maintenant afin que le pays soit en paix. Les syndicats n’ont qu’à s’entendre avec leurs responsables, c’est mieux.

Fanta Bandé, commerçante

En tout cas, on n’est pas du tout content des grèves-là parce que cela fait que le pays n’avance pas. Le marché même devient de plus en plus dur sur nous donc c’est mieux qu’ils trouvent une solution. En plus des syndicats, il faut que le président Roch se lève et voie aussi d’autres problèmes des Burkinabè tels que la faim.

Moussa Tiemtoré, étudiant en 1re année de Droit

Moussa Tiemtoré

Le citoyen burkinabè a compris que pour atteindre ses objectifs, il faut passer par des grèves. Mais là n’est pas la question, car il faut voir la manière. Par exemple, le cas des agents du ministère de l’Économie et des Finances, il faut demander quelque chose de social. Je suis contre les grèves pour les intérêts individuels. Je pense que le président du Faso doit arrêter la communion, enlever la tunique et frapper fort. Ils sont dans leur plein droit mais pour un pays en développement comme le Burkina Faso, il faut revoir cette manière de grever. Imaginez si les agriculteurs qui nourrissent tout le Burkina Faso doivent partir en grève aussi.

Propos receuillis par Cryspin Masneang Laoundiki
LeFaso.net

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