Les épisodes de violences contre les chrétiens au Burkina Faso et plus particulièrement dans le diocèse de Ouahigouya

Monsieur l’Abbé Victor OUEDRAOGO, Directeur du Centre Diocésain de Communication/Notre Dame du Sahel de Ouahigouya et Coordonnateur des projets et programmes du Centre séjourne actuellement en Europe. Au cours de son séjour en Allemagne, sur demande de l’ONG chrétienne « Aide à L’Eglise en Détresse » en Allemagne et avec l’autorisation de Monseigneur Justin KIENTEGA, Évêque du Diocèse de Ouahigouya, Monsieur l’Abbé Victor OUEDRAOGO a animé une conférence le jeudi 19 septembre 2019 en Allemagne sur le thème : « les épisodes de violences contre les chrétiens au Burkina Faso et plus particulièrement dans le diocèse de Ouahigouya ». Les représentants de « Aide à l’Eglise en détresse » de 23 pays ont assisté à la conférence.

Dans son introduction, l’Abbé Victor OUEDRAOGO est revenu sur la situation sécuritaire du Burkina Faso avant 2015 où le pays a connu les premières attaques terroristes. Il dira que le pays était cité en exemple comme l’un des pays les plus stables de la sous-région Ouest-africaine. Mais en 2015 le contexte a changé et la situation sécuritaire s’est dégradée au Burkina Faso et d’autres pays comme le Mali, le Niger, le Tchad et la Mauritanie ont vu également leur situation sécuritaire fragilisée. Ainsi donc, à partir de 2015 le Burkina Faso est confronté à des attaques de plus en plus fréquentes et de plus en plus meurtrières, attaques attribuées à des groupes terroristes radicaux/djihadistes installés dans la bande sahélo-sahélienne. Mais si au début ces violences n’avaient pas une connotation religieuse, elles ont par la suite pris une tournure et une ampleur singulière lorsque les leaders religieux, notamment des chrétiens ont commencé à être pris pour cibles. Se basant sur un bilan officiel du ministère en charge de la défense nationale, l’Abbé Victor Ouédraogo a présenté la situation sécuritaire du Burkina Faso en ces termes : « jusqu’au 16 juin 2019, le Burkina Faso a subi 283 attaques terroristes qui ont causé la mort de 524 personnes et blessé 308 autres. Sur ces attaques, 180 étaient dirigées contre des cibles civiles, causant la mort de 381 civils dont 191 assassinats ciblés et blessant 308 autres. 103 attaques ont été menées par les terroristes contre les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), tuant 143 FDS en en blessant 157. 21 écoles ont été attaquées et selon le dernier communiqué du Ministre de l’Education Nationale de mai 2019, 1 933 écoles sont aujourd’hui fermées) à cause de la menace terroriste privant 326 152 enfants d’enseignement et entraînant la mise au chômage de 9 042 enseignants. Cette situation d’insécurité a entrainé des déplacements massifs des populations à l’intérieur des frontières du pays (première fois dans l’histoire du Burkina Faso). Selon l’ONU, UNOCHA, à la date du 11 mai 2019, le pays enregistrait 170 447 personnes déplacées interne, déplacements localisés dans 6 régions sur les 13 que compte le Burkina Faso, 12 provinces sur les 45 et 46 communes ». Pour ce qui est des attaques dont les chrétiens sont les cibles, le Directeur du Centre Diocésain de Communication de Ouahigouya a fait comprendre à l’assistance que c’est en 2019 que pour la première fois les terroristes s’en prennent de façon directe et violente aux chrétiens et les cas les plus dramatiques sont les assassinats des prêtres et fidèles chrétiens suivants :

  • Le Père Antonio César Fernandez, Salésien de Don Bosco d’origine espagnole le 15 février 2019
  • Le Père Siméon Yampa (prêtre du diocèse de Kaya) et cinq (5) fidèles laïcs de la Paroisse de Dablo abattus en pleine célébration eucharistique le 12 mai 2019
  • Quatre (4) fidèles laïcs du diocèse de Ouahigouya (paroisse de Baam) abattus pendant une procession mariale le 13 mai 2019
  • Quatre (4) fidèles du diocèse de Ouahigouya (Paroisse de Titao) assassinés en pleine célébration eucharistique le 26 mai 2019
  • Quatre (4) fidèles du diocèse de Ouahigouya (Paroisse de Bourzanga) tués après avoir été identifiés par les signes religieux qu’ils portaient (croix, médailles) le 27 Juin 2019

Et l’Abbé Victor de préciser que les chrétiens catholiques ne sont pas les seuls cibles car les autres confessions religieuses subissent aussi ces violences. A titre d’exemple un pasteur protestant et quelques-uns de ses fidèles ont été assassinés dans la province du Soum. Le lendemain de l’assassinat des quatre (4) chrétiens dans la paroisse de Bourzanga, les terroristes sont allés investir une mosquée dans le village de Sanaré où ils ont tué quatre (4) personnes. L’Abbé Victor Ouédraogo est aussi revenu sur les types de violences que subissent les chrétiens : la destruction et la profanation de lieux et des objets de culte, les prêches violents, la pression morale (rejet et privation de certains avantages familiaux), la discrimination et la stigmatisation, les menaces de mort, les enlèvements (cas du Père Joël Yougbaré enlevé le 16 mars 2019 à Djibo et dont on est sans nouvelle jusque-là), l’exode vers des zones plus sécurisées.

Avant de terminer sa communication, le Directeur du Centre Diocésain de Communication de Ouahigouya a essayé de tracer quelques pistes de solutions à ces violences que les populations vivent :

  • Renforcer la présence et la crédibilité de l’Etat dans les régions, les localités ou cette présence est quasi inexistante ou contestée à travers l’accès aux services sociaux de base
  • Appuyer l’Etat d’une part dans le processus de la bonne gouvernance notamment au niveau de la justice et d’autre part dans le processus de la réconciliation
  • Promouvoir les droits de l’homme notamment la liberté de religion, la protection des minorités, l’amélioration des droits économiques, sociaux et culturels
  • Améliorer l’éducation et l’accès à l’emploi notamment des jeunes.
  • Impliquer les populations en tant que mesure de prévention de l’extrémisme violent
  • Accroître la résilience socio-économique des couches et des communautés les plus vulnérables en particulier les jeunes et les femmes.
  • Soutenir les initiatives et les associations en faveur de la promotion du dialogue interreligieux

Et l’Abbé OUEDRAOGO de citer le Président du Faso à l’occasion du traditionnel discours à la nation du 11 décembre 2017 sur la situation sécuritaire du Burkina Faso : « la solidité du tissu social de notre pays a toujours résidé dans la réalité et la pratique permanente du dialogue et de la concertation. Plus que jamais, nous devons puiser dans nos racines, les énergies indispensables pour raviver la flamme de la solidarité, gage d’une citoyenneté laborieuse et responsable, indispensable à une vie nationale porteuse d’harmonie et de bien-être pour tous ».

Synthèse de Bertrand Joël SYAN, Chef de programme de la Radio Notre Dame du Sahel/Ouahigouya

 

 

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